Confinés en famille : voir le travail des parents autrement

Paru le 09 septembre 2020

Annik De Celles, pour l'équipe MonEmploi.com / Septembre éditeur

Qu’est-ce qu’il fait ton père dans la vie?

Dans quel domaine travaille ta mère?

Plusieurs enfants ne savent pas quoi répondre exactement à cette question, à moins que leur parent n’ait une carrière dite « traditionnelle » comme infirmier, enseignant ou policier. Et il n’est pas toujours facile pour les adultes de décrire leur emploi du temps ou leurs responsabilités, ni pour les enfants de s’accrocher à quelques mots techniques pour avoir en tête des images du parent au travail.

Ceci laisse donc un grand mystère autour du travail. Plusieurs jeunes n’ont donc aucune idée des réalités d’une journée au bureau!

Confinement et télétravail

La crise de la COVID et le confinement ont été vécus très durement pour la plupart des parents qui ont dû concilier le télétravail et la gestion familiale. Mais cet évènement pourrait-il avoir un impact positif sur la vision du monde du travail de la prochaine génération?

Nos enfants et nos adolescents ont pu observer le travail de leur parent, les horaires remplis, les heures de rédaction de rapports, de lecture de documents. Ils sont donc maintenant plus à même de comprendre l’importance des compétences en lecture et en écriture.

Plusieurs jeunes ont vu à l’écran des chiffriers complexes, des chiffres griffonnés, des calculs et des réflexions. Ils comprennent maintenant mieux la force et l’importance des chiffres et des mathématiques en emploi.

Ils ont été aux premières loges des discussions d’équipe, des échanges entre collègues, des rencontres patronales. Ils ont donc appris l’écoute, la communication efficace et respectueuse, la collaboration, l’entraide.

Certains ont entendu leur parent négocier, convaincre, argumenter, défendre, réévaluer. Nos jeunes en ont surement retenu quelques éléments qui les outilleront dans bien des situations en emploi.

D’autres ont peut-être été témoins du talent créatif de leurs parents ou de leur capacité à gérer plusieurs projets de front. Ils ont pu découvrir ce qui passionne leurs parents dans leur carrière respective et ce qui les motive chaque jour, la plupart du temps.

Il y a aussi ces enfants dont un parent (ou les deux) a été identifié comme travailleur essentiel (hôpitaux, garderies, épiceries, livreurs, policiers…). Ils ne l’ont pas vu au boulot, mais ils ont compris assez rapidement qu’ils se verraient moins. Ils n’ont peut-être pas plus compris leur travail qu’avant, contrairement aux familles confinées ensemble.

Le positif à retenir pour ces enfants de travailleurs essentiels est que pour certains parents, la motivation première est de se sentir utiles et importants. Ils font une différence dans la vie des autres. Ils ont travaillé de longues heures, ont pris toutes sortes de précautions sanitaires, sont revenus fatigués, sont parfois tombés eux aussi malades, malheureusement. En jonglant avec tout ça, ils ont appris à leurs enfants que certains emplois font appel au sens du devoir et au désir de prendre soin des autres. Ces raisons (temporairement, on le souhaite) peuvent être une motivation suffisante pour se lever tous les matins, bien au-delà des raisons financières.

Il ne faut surtout pas oublier les jeunes qui ont vu leurs parents perdre leur emploi, leur réaction et leur résilience. Ils ont vu les temps plus durs. Mais aussi comment on y survit. Ils ont appris la valeur de l’argent, du temps, et surtout l’importance plus grande du travail et de l’accomplissement quotidien en emploi pour l’humain.

Ces jeunes ont enfin vu la démonstration concrète que le fameux salaire que gagnent leurs parents n’est pas seulement un chiffre. Il implique des efforts, des casse-têtes et de longues heures où ils déploient des connaissances, des compétences et des aptitudes personnelles pour se rendre utiles, d’une quelconque façon. Même s’ils ont vu la fatigue, les tracas et l’incertitude dans le regard de leurs parents, ils ont aussi vu le plaisir qu’ils ont à accomplir certaines tâches, leur fierté d’avoir résolu un problème et leur persévérance dans l’adversité. Quand on choisit une carrière pour les bonnes raisons, aucun revenu, même élevé, ne remplace le plaisir et le sentiment d’accomplissement au travail!

Impact sur la vision du travail

Pour un jeune, il est facile d’imaginer le monde du travail comme dans les films ou à la télé, un monde où les journées sont courtes et où les employés discutent de leur vie amoureuse autour d’un café… au lieu de travailler, rivés à leur écran, tout en mangeant un sandwich en vitesse.

Cette crise aura certes eu des impacts négatifs, mais pour toute une génération de jeunes qui auront vu de près leur parent au travail pendant quelques mois, l’impact sur leur vision du monde du travail sera changé à jamais, et ce, de manière positive et réaliste.

Puisque l’orientation et le choix de carrière se construisent une expérience à la fois, dès le plus jeune âge, continuons à donner l’exemple du travail à nos enfants, confinés ou non!